Extrait du chapitre Pardonner, être juste et solidaire
« Et pourquoi ne discernez-vous pas de vous-même ce qui est juste? Lorsque tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, tâche en chemin de te dégager de lui, de peur qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice, et que celui-ci ne te mette en prison. Je te le dis, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies payé jusqu’au dernier centime. » Lc 12, 57-59
« Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice. » Jn 7, 24
Le […] texte parle de la justice. Nous retenons deux points majeurs :
Le premier point est de dépasser les apparences, les « on-dit », les préjugés pour se concentrer sur la réalité des faits. En termes juridiques, cela s’appelle la motivation, c’est-à-dire la justification d’une décision basée sur une analyse approfondie. Même si la personne a un comportement professionnel différent du mien, ce n’est pas une raison en soi pour l’écarter ; il faut embrasser toute la réalité : son action, ses résultats, son intégrité, son éthique par rapport aux valeurs et aux missions de l’institution. C’est à partir de cet ensemble que l’on peut dépasser les apparences. Dans la gestion des ressources humaines, l’évaluation à 360° d’une personne doit devenir la règle de base : objectiver à partir des perceptions croisées de ses supérieurs, de ses pairs, de ses collaborateurs et des interlocuteurs privilégiés extérieurs au service et en relation avec elle.
Ce sens de la justice fait partie de l’éthique de l’évaluation.
« Tu ne regardes pas l’apparence des hommes. » Mt 22, 16
« La liberté de l’autre est induite par notre propre regard » soulignait Alexandre Jardin (p. 33).
Le second point est le travail intérieur sur ce qui est juste et qui ne l’est pas, c’est aussi une forme de discernement. Si deux personnes en conflit font l’impasse sur ce travail, c’est la porte ouverte à la saisine d’un juge. Nos sociétés occidentales se sont engagées dans cette logique, provoquant un engorgement des tribunaux. Une autre conséquence est la multiplication des médiateurs dans beaucoup de secteurs de la vie sociale. C’est un mieux par rapport à la saisine immédiate de la justice et c’est aussi un révélateur de l’incapacité de régler les problèmes sans intervention d’une tierce partie. Celui qui possède les moyens financiers peut se permettre de faire l’impasse sur ce travail de discernement.
Démarche active
En tant que dirigeant, lorsqu’une erreur a été commise par un de nos collaborateurs, lorsqu’il a commis un acte qui nous porte préjudice, comment appliquons-nous les valeurs du pardon, de la justice et de la solidarité ? Comment dépassons-nous les apparences ?
Avant d’entamer une procédure judiciaire, allons-nous au bout de notre exploration des faits afin de mesurer notre responsabilité et celle de l’autre ? Tentons-nous une conciliation ou un arbitrage ?