Considère sans cesse que tout ce qui naît provient d’une transformation, et habitue-toi à penser que la nature universelle n’aime rien autant que de transformer ce qui est pour en former de nouveaux êtres semblables . Tout être, en quelque sorte, est la semence de l’être qui doit sortir de lui . Mais toi, tu ne comprends sous le seul nom de semences, que celles qu’on jette en terre ou dans une matrice : c’est trop être ignorant. Marc Aurèle – Pensées pour moi-même
La vraie sagesse ne revient pas à détenir des certitudes mais à approvoiser l’incertitude. Éric-Emmanuel Schmitt
Tout est énergie et c’est là tout ce qu’il y a à comprendre dans la vie. Aligne-toi à la fréquence de la réalité que tu souhaites et cette réalité se manifestera. Il ne peut en être autrement. Ce n’est pas de la philosophie, c’est de la physique. Albert Einstein
Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections. Aristote
Nous sommes agités de multiples façons par les causes extérieures et, tels les flots agités par des vents contraires, nous sommes ballotés en tous sens, ignorants de notre avenir et de notre destin. Spinoza – L’éthique
L’Homo Sapiens est cet animal toujours affamé que la certitude ne comble jamais, toujours poussé par la sensation d’insatiété, le sentiment de non-savoir, qu’il finira par appeler l’infinitude du désir, la marche du progrès ou la quête d’absolu. Dorian Astor – La passion de l’incertitude
La nature peut-elle supporter l’esprit qu’elle a fait naître en son sein? Faut-il que, trop harcelée par lui, elle l’élimine en revanche de son système? Ou alors, l’esprit, est-il en mesure de se rendre supportable en fin de compte, s’il s’aperçoit qu’elle ne le supporte pas? Hans Jonas – Pour une éthique du futur
Ce que critique, c’est cette focalisation excessive sur la nécessité de s’adapter à un monde que je perçois comme indésirable. Vous n’allez pas transformer le monde, me dit-on, en revanche vous pouvez tranformer votre rapport au monde. Romain Huët, maître de conférences en sciences de la communication, L’Obs n° 2948 du 29/4/2021
Pour commencer à vivre dans le présent, il faut d’abord racheter notre passé, en finir avec lui, et l’on ne peut le racheter qu’au prix de la souffrance, au prix d’un labeur inouï et sans relâche. Tchekhov, La Cerisaie, cité dans l’Obs 2832 du 14 au 20 février 2019
Toutes les créatures agissent suivant des « prémisses » qui leur sont propres. Le brontosaure, avec son tout petit cerveau, se montra suffisamment intelligent pour survivre pendant des millions d’années. Homo sapiens, dont le cerveau est beaucoup plus développé, ne devrait-il pas être capable de vivre et de faire de la recherche tout aussi longtemps, voire plus longtemps encore ? Arne Næss – Une écosophie pour la vie
C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. Victor Hugo
Rendre heureux quelqu’un, c’est rigoureusement augmenter son être, doubler l’intensité de sa vie, le révéler à lui-même, le grandir et parfois le transfigurer. Henri Frédéric Amiel, Journal intime
Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles. Christian Bobin
Celui qui choisit le commencement de la route, choisit la destination. Harry Emerson Fosdick
Même le plus courageux d’entre nous n’a que rarement le courage de ce qu’il sait vraiment. Friedrich Nietzsche – Crépuscule des idoles
Ce qui émeut les hommes, ce ne sont pas les choses, mais l’opinion sur les choses. Epictète – Manuel
Croître et décroître, s’emplir et se vider, finir et recommencer, voilà le cycle du monde … La transformation du monde dans ses phases innombrables n’a pas de terme. Tchouang-tseu – Oeuvre complète
Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un et l’autre. Marc Aurèle – Pensées pour moi-même
L’universalité des phénomènes, si divers pour la représentation, ont une seule et même essence, la même qui lui est intimement, immédiatement et mieux que toute autre connue, celle-là enfin qui, dans sa manifestation la plus apparente, porte le nom de volonté. Il la verra dans la force qui fait croître et végéter la plante et cristalliser le minéral ; qui dirige l’aiguille aimantée vers le nord ; dans la commotion qu’il éprouve au contact de deux métaux hétérogènes ; il la retrouvera dans les affinités électives des corps, se montrant sous forme d’attraction ou de répulsion, de combinaison ou de décomposition ; et jusque dans la gravité qui agit avec tant de puissance dans toute matière et attire la pierre vers la terre, comme la terre vers le soleil. C’est en réfléchissant à tous ces faits que, dépassant le phénomène, nous arrivons à la chose en soi. « Phénomène » signifie représentation, et rien de plus ; et toute représentation, tout objet est phénomène. La chose en soi, c’est la volonté uniquement ; à ce titre, celle-ci n’est nullement représentation, elle en diffère toto genere ; la représentation, l’objet, c’est le phénomène, la visibilité, l’objectité de la volonté. La volonté est la substance intime, le noyau de toute chose particulière, comme de l’ensemble ; c’est elle qui se manifeste dans la force naturelle aveugle ; elle se retrouve dans la conduite raisonnée de l’homme ; si toutes deux diffèrent si profondément, c’est en degré et non en essence. Arthur Schopenhauer – Le monde comme volonté et comme représentation
Le vrai miroir de nos pensées, c’est le cours de nos vies. Montaigne – Essais I
Quand je danse, je danse ; et quand je dors, je dors. Et quand je me promène seul dans un beau jardin, si mes pensées se sont occupées d’autre chose pendant quelque temps, je les ramène à la promenade, au jardin, à la douceur de cette solitude, et à moi. La Nature nous a prouvé son action maternelle en s’arrangeant pour que les actions auxquelles nos besoins nous contraignent nous soient aussi une source de plaisir. Et elle nous y convie, non seulement par la raison, mais aussi par le désir. C’est donc une mauvaise chose que d’enfreindre ses règles. Montaigne – Essais III
Ne te laisse point prendre au tourbillon ; mais, dans tout élan, propose-toi le juste ; et, dans toute représentation, sauvegarde ta faculté de comprendre . Marc-Aurèle – Pensées pour moi-même XXII
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Aussi rapides que l’eau du fleuve ou le vent du désert, / nos jours s’enfuient / Deux jours, cependant, me laissent indifférents: / celui qui est parti hier et celui qui arrivera demain.
Hier étant révolu, ne l’évoque plus! / Ne te lamente pas, non plus, à propos d’un demain pas encore venu! / Ne te fonde ni sur le passé, ni sur le futur:/ vis joyeusement l’instant présent, ne gaspille point tes jours.
Aujourd’hui, sur demain tu ne peux avoir prise / Penser au lendemain, c’est être d’humeur grise / Ne perds pas cet instant, si ton coeur n’est pas noir, / car nul ne sait comment nos demains se déguisent.
Quatrains du poète persan OmarKhayyâm
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Les paysages, comme les hommes confinés, portent un masque, il faut les fréquenter longuement avant qu’ils dévoilent leurs secrets.
L’échelle du progrès spirituel se monte en descendant.
Rien n’est plus digne d’admiration qu’un arbre qui a pris le temps de déployer sa forme. Sa beauté rappelle que les grandes choses ne se font pas en courant. Les arbres sont des vieux patriarches. Ils incarnent des vertus démodées: la lenteur, la patience, la mémoire, la prise en compte des cycles. Leur présence maintient éloigné de l’empressement du monde.
Charles Wright Le Chemin des estives
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La liberté n’a rien à voir avec l’absence de contraintes. Nous sommes libres, écrit Bergson, lorsque nous sommes pleinement ce que nous sommes, lorsque nous réussissons à accueillir dans l’instant la totalité de notre passé, de notre vécu. C’est exactement cela, s’écouter. Accueillir ce passé, ce vécu, ce n’est pas le simplifier dans une unité fictive ou une identité forcée, mais l’accepter comme il est, dans son irréductible complexité. Nous sommes libres lorsque nous réussissons à nous écouter tout entier. Nous sommes libres, c’est-à-dire, tout entier nous-mêmes au cœur de l’action. Charles Pépin, la confiance en soi, une philosophie
J’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne
savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Blaise Pascal – Pensées
Un homme qui s’arrête risque la pire des choses: le face-à-face avec lui-même. Sylvain Tesson – Un été avec Rimbaud
Qui n’a pas vu la route à l’aube, entre ses deux rangées d’arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait pas ce qu’est l’espérance. Georges Bernanos
La vraie vie est une vie vécue, repensée et recréée par l’écriture. Marcel Proust
J’ai arrêté de me demander pourquoi les choses sont importantes pour les gens ou les choses, elles le sont, c’est tout, chacun vit avec ce qui le touche au coeur et ça peut sembler incompréhensible aux autres mais ce n’est pas à eux de décider de ce qui est important ou non, personne n’est personne d’autre, chacun est chacun, chacun, tout en semblant semblable aux autres, n’est d’abord et toujours que lui-même, personne n’est dans le coeur des autres ou dans leur tête, et tant mieux d’ailleurs, surtout pour la tête, je crois que c’est là que le pire arrive, ce qui se passe dans la tête est un chaos. Mohamed Mbougar Sarr La plus secrète mémoire des hommes (Goncourt 2021)
Ce qui a promu l’humain (qui fait qu’il est advenu en « homme ») est qu’il a dé-coïncidé du sein de la condition vivante, s’ouvrant ainsi un destin singulier prenant la forme d’une Histoire; et que, de cette dissociation d’avec le reste du vivant, il demeure en lui-même à jamais fêlé, produisant un « lui-même » qui n’est plus en adéquation directe avec le monde; ni surtout avec « lui-même ». Fêlure dont s’est accrue la souffrance, mais d’où s’est déployée la conscience. François Jullien L’incommensurable
Déployer le vide à l’extrême, préserver entière la sérénité. Lao-Tseu, Le livre de la Voie et de la Vertu XVI
A travers tout ce temps, il faut préserver ce que l’on estime être sa propre permanence. Extrait du film « Le promeneur du champ de mars »
Le rapport au silence est la condition de l’expérience spirituelle. Bertrand Agostini, introduction à Jack Kerouac, Le livre des haïku
Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes. Arthur Rimbaud, Une saison en enfer
L’homme est un puits où le vide toujours recommence. Victor Hugo, Les contemplations
On a appris la sagesse si l’on meurt aussi dénué de soucis qu’en naissant. Sénèque, Lettres à Lucilius, 22
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Améliorez, mettez fin ou acceptez.
L’amour consiste à aider l’autre à relâcher ses tensions.
Swâmi Prajnânpad, Les formules de Swâmi Prajnânpad
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Rencontrer l’autre, c’est être tenu en éveil par une énigme. Emmanuel Levinas, article « La ruine de la représentation »
L’intuition et la communion avec notre environnement sont de plus en plus rares, voire totalement absentes de nos vies: nous ne savons plus voir, regarder ni interpréter les signes et messages du monde. Serge Augier, Dao De Jing
Que serait la solitude sans grandeur ? Il n’existe qu’une solitude, et celle-ci est grande et difficile à porter. Qui ne connaît pas, comme vous, ces heures où il voudrait l’échanger contre quelque communauté, fût-elle triviale ou bon marché, contre un semblant de minuscule entente avec le premier venu, le plus indigne de tous …? Mais ces heures sont peut-être précisément celles où la solitude grandit; car sa croissance est douloureuse comme la croissance des jeunes garçons et triste comme les printemps qui commencent. Cela ne doit pas vous égarer. Car rien d’autre n’importe que ceci: la solitude, la grande solitude intérieure. Entrer en soi, ne rencontrer personne pendant des heures – voilà à quoi il faut parvenir. Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète
Exister, c’est comprendre. Exister, c’est sourire au présent, c’est regarder l’avenir par-dessus la muraille. Exister, c’est avoir en soi une balance, et y peser le bien et le mal. Exister, c’est avoir la justice, la vérité, la raison, le dévouement, la probité, la sincérité, le bon sens, le droit et le devoir chevillés au coeur. Exister, c’est savoir ce qu’on vaut, ce qu’on peut, ce qu’on soit. Existence, c’est conscience. Victor Hugo, William Shakespeare
Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au-dessus de votre vie. Marcel Proust, Du côté de chez Swann
L’ouverture ne signifie pas être détaché, un zombie, mais être libre de faire ce qu’exige une situation donnée. Chögyam Trungpa, Pratique de la voie tibétaine
Etre vivant, c’est être prêt. Prêt à ce qui peut arriver, dans la jungle des villes et de la journée. Henri Michaux
Le réel, c’est quand on se cogne. La citation complète, plus difficilement compréhensible, est : « il n’y a pas d’autre définition possible du réel que: c’est l’impossible quand quelque chose se trouve caractérisé de l’impossible, c’est là seulement le réel; quand on se cogne, le réel, c’est l’impossible à pénétrer ». Jacques Lacan, Conférence au Massachusetts Institue of Technology (02/12/1975), paru dans Scilicet, 1975, n° 6-7, pp. 55-63
Etre dans le déni de la finitude de la planète, c’est être dans celui de sa propre finitude. Le déni est un bras de fer avec la réalité. Il ne s’agit pas d’une erreur de jugement, mais d’un aveuglement au sens où ce n’est pas seulement une façon d’ignorer les faits, mais bien la valeur et l’importance de celui-ci. Serge Tisseron, Le déni ou la fabrique de l’aveuglement
On ne sait jamais rien. Tu ne contrôles pas les choses qui arrivent, pire, tu n’es même pas capable de savoir si elles sont bonnes ou mauvaises. Tu es là, tu attends une chose, tu la désires de toutes tes forces. Elle se produit enfin et, juste après, tu te rends compte que ta vie est gâchée. Ou le contraire. Le ciel te tombe sur la tête et après un peu de temps tu te rends compte que c’est la meilleure chose qui pouvait t’arriver. Crois-moi, la seule chose que tu peux contrôler c’est ta façon d’interprêter les événements. Si tu pars de l’idée que ce ne sont pas les choses, mais le jugement que nous portons sur elle qui nous fait souffrir, alors tu peux aspirer à prendre le contrôle de ta vie. Sinon tu es condamné à tirer sur des mouches avec un canon. Giuliano Da Empoli, Le mage du Kremlin
La beauté est une manière de résister au monde, de tenir devant lui et d’opposer à sa fureur une patience active. Christian Bobin, Autoportrait au radiateur
Ce qui débarrasse de tout ennui ce monde, où il est difficile de vivre, et projette sous vos yeux un monde de grâce, c’est la poésie, c’est la peinture. Ou encore, c’est la musique et la sculpture. Pour être exact, il ne s’agit pas de projeter le monde. Il suffit d’y poser son regard directement, c’est là que naît la poésie et c’est là que le chant s’élève. Même si l’idée n’est pas couchée par écrit, le son du cristal résonne dans le coeur. Même si la peinture n’est pas étalée sur la toile, l’éclat des couleurs se reflète dans le regard intérieur. Il suffit de contempler le monde où l’on vit, et de contenir, avec pureté et clarté, dans l’appareil photographique de l’esprit, le monde d’ici-bas, futile et chaotique. C’est pourquoi un poète anonyme qui n’a pas écrit un seul vers, un peintre obscur qui n’a pas peint une seule toile, sont plus heureux qu’un millionnaire, qu’un prince, que toutes les célébrités du monde trivial, car les premiers savent observer la vie, peuvent s’abstraire de toute préoccupation, sont en mesure d’entrer dans le monde de la pureté, de construire l’univers unique et de balayer les contraintes de l’égoïsme. Natsumé Sôseki, Oreiller d’herbe
Le bonheur, finalement, n’est-ce pas de continuer à désirer ce qu’on possède déjà? Frédéric Lenoir, Le désir, une philosophie