Vaincre sans combattre

Vous avez sûrement hésité avant de lire l’extrait du mois de février avec le même titre :

https://micheldamar.wordpress.com/2019/02/20/lextrait-du-mois-fevrier-2019/

Dans cet article, je prolonge la réflexion de Giorgio Nardone  sur le terrain de l’entreprise. Dans l’univers concurrentiel actuel, cela apparaîtra sûrement à certains comme une utopie, mais tant pis, je me lance.

Pour l’entreprise, vaincre sans combattre signifie entrer en harmonie avec le bassin de vie dans lequel l’entreprise agit, de telle sorte que ses missions soient en pleine concordance avec les besoins sociétaux et les besoins des personnes : clients, patients, citoyens, riverains. Cela ne signifie en rien que l’entreprise doit rester passive, ne doit pas « combattre ». Au contraire, il lui appartient de mettre en place les scénarii, les stratégies, pour permettre à cette harmonie de s’exprimer et qu’à ce moment, les choses apparaîtront évidentes à tous, donc aussi à ses concurrents. A ce moment, il sera trop tard pour eux de « combattre ». Bien sûr, rien n’est jamais acquis, la vie étant à la fois cyclique et linéaire, et la recherche de cette concordance est un processus permanent, mais simple à poursuivre une fois qu’il a été mis en œuvre une première fois.

Dans l’entreprise, vaincre sans combattre pour les responsables signifie être authentiques, afficher une concordance parfaite entre les actes et le discours, exprimer qu’ils développent eux aussi une stratégie personnelle pour s’améliorer et pour positionner l’entreprise dans sa concordance avec le milieu. Cette authenticité s’exprime donc aussi vis-à-vis du personnel.

A un moment où tout indique – et un récent rapport de l’OMS vient le confirmer – que les problèmes de santé mentale seront dans les prochaines décennies la première cause de maladie, le rapport entre les responsables et le personnel devient de plus en plus essentiel. A l’occasion de la présentation de son dernier livre « La sagesse espiègle », le philosophe Alexandre Jollien expliquait que le chemin de sagesse est celui qui permet de se libérer des tensions physiques, émotionnelles et mentales. Et c’est justement ce chemin-là qu’il me paraît important de suivre aussi dans le monde de l’entreprise.

Pour beaucoup de personnes, vaincre en combattant peut être un facteur de stress et provoquer des réactions inflammatoires plus ou moins graves : les recherches médicales les plus récentes ont démontré l’existence de ce lien.

« Vaincre sans combattre » rejoint ici le concept taoiste du non-agir. Le non-agir ne signifie pas ne rien faire, même si pour un dirigeant, non-agir signifie certainement choisir sa sphère d’actions, ne pas tout faire et laissez faire les collaborateurs qui ont suffisamment de compétences pour mener les actions de terrain plus efficacement. Lors d’une conférence récente, un entrepreneur wallon dont l’entreprise est active au plan international confiait que son leadership était fait de confiance vis-à-vis de ses équipes et qu’il pouvait passer deux mois avant de visiter un entrepôt. Quitte, bien sûr à intervenir s’il est sollicité. Son non-agir, qui n’a rien d’un laissez-faire, lui permet de centrer son action sur le terrain stratégique, et c’est fondamentalement ce qu’on attend de lui. Le non-agir permet donc de libérer en interne les énergies des autres.

Le non-agir signifie avancer le long de la ligne de moindre résistance pour réaliser les objectifs de l’entreprise. Cela signifie aussi comprendre les éventuelles lignes de résistance existantes pour ne pas les affronter mais pour y répondre dans le but de les amoindrir. C’est bien sûr une philosophie du changement qui heurte les partisans d’un changement brutal mais c’est celui-ci qui, pour moi, donne les meilleurs gages d’évolution car il favorise l’appropriation par tous des évolutions.

Pour vaincre sans combattre, le responsable doit posséder quelques qualités essentielles : connaître l’autre et se connaître, savoir observer (porter un regard sur la réalité), percevoir (s’ouvrir personnellement à cette réalité)  et discerner (distinguer les éléments clés).

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Un commentaire pour Vaincre sans combattre

  1. Jena Marie FURNEMONT dit :

    Je trouve que cette manière de voir les choses est une très belle approche de la vie et qu’il en va de même dans la vie privée. Je suis convaincu qu’il est tout à fait possible de résoudre les divergences de vue en dialoguant et en pratiquant le libre examen dans le respect de l’autre.
    Point n’est besoin d’avoir raison pour vaincre.

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