Observation et management
Après la publication de mon article du début des vacances, Éloge de l’observation,
https://micheldamar.wordpress.com/2018/07/01/eloge-de-lobservation/
un lecteur averti m’a proposé d’approcher le thème de l’observation et du management. L’extrait de ce mois d’août traite donc de ce thème, en introduction de l’article de début septembre. Il est tiré du livre « Alpha leadership » de Anne Deering, Robert B. Dilts et Julian Russel, paru en 2009 aux Editions De Boeck.
Dans le monde changeant d’aujourd’hui, la capacité d’anticiper est la clé. Les technologies évoluent à des échelles exponentielles. George Gilder prévoit que la bande passante totale de nos systèmes de communication triplera tous les douze mois dans un futur prévisible ; les systèmes informatiques qui demandent 36 mois pour être mis complètement en application deviennent obsolètes en moins de 18 mois.
Nos économies sont de plus en plus basées sur un patrimoine de connaissances intangibles et éphémères – même le produit robuste de l’âge industriel, la voiture, a été décrit comme une « peccadille sur roues ».
Les gens de nos entreprises s’en vont après des périodes d’emploi de plus en plus courtes. En 1989, les cadres avaient en moyenne 2,9 employeurs au cours de leur carrière ; en à peine dix ans cette moyenne a augmenté jusque 5,2.
Sur un échantillon de cadres ambitieux de moins de 37 ans, 40% s’attendaient à quitter leur entreprise dans moins de deux ans ; 7% seulement prévoyaient de rester plus de cinq ans.
Associée à ces changements tectoniques, il existe une tendance perturbatrice dans la fixation des prix. Comme l’expose Kevin Kelly, éditeur de Wired, l’économie digitale fait bouger tous les produits vers une qualité plus grande à un prix plus bas : « un voyage à sens unique au-dessus des à-pics d’une fixation des prix renversée et en-dessous de la courbe qui tend vers le gratuit ». L’anticipation est une compétence critique dans le travail des leaders d’aujourd’hui – être en tête dans ce tournant n’est pas seulement faire jouer un plus grand profit, c’est une clé pour la survie de l’entreprise.
L’anticipation n’est pas la prédiction. Ceux qui prétendent prédire disent qu’ils peuvent prévoir le futur, qu’ils sont sûrs de ce qui va arriver. Anticiper, « c’est s’attendre à … s’occuper par avance de … réaliser en avance … provoquer plus tôt ». Nous croyons que le futur est essentiellement imprévisible mais que, néanmoins, les leaders professionnels, à travers une préparation soigneuse et en restant vigilants, peuvent « réaliser à l’avance ». L’anticipation, c’est être en alerte, prêt à gérer quoi que ce soit qu’apporte le futur.
Les entreprises qui peuvent anticiper ont trois qualités distinctives : des systèmes sensoriels qui peuvent détecter rapidement des tendances importantes ; des leaders dont l’esprit est assez agile pour repérer les opportunités et les menaces incluses en elles ; et des ressources qui sont suffisamment mobiles pour permettre en temps voulu à l’entreprise de saisir les opportunités et d’éviter les menaces.
En tant que leader professionnel, des compétences d’anticipation bien aiguisées vous aideront à être en tête au tournant, à augmenter vos chances de repérer les opportunités des affaires et de les exploiter avec succès. Elles feront aussi grandir votre sentiment d’avoir le contrôle et diminueront vos sentiments de stress quand l’inattendu arrive – comme cela arrivera à coup sûr. Comme l’alléguait Margareth Wheatley, « à pénétrer autant de secrets, nous arrêtons de croire à l’inconnu. Mais il est assis là néanmoins, se pourléchant calmement les babines ».
Article tout à fait pertinant. Le leader doit oser penser autrement, il faut en quelque sorte s’auto disrupter pour garder l’esprit agile.