Il n’y a pas d’autre mots pour caractériser les événements des derniers jours ; ou plutôt l’interaction négative qui a caractérisé la relation entre deux fortes personnalités depuis le début de la formation de ce gouvernement Michel, issu des élections fédérales du 25 mai 2014.
Cette double démission est le reflet structurel d’un terrible manque qui caractérise la relation entre le politique et l’administration depuis des décennies, au niveau fédéral mais aussi dans les Régions et les Communautés : l’inexistence d’un modèle solide et unique de gouvernance qui consoliderait positivement la relation entre ces deux branches du pouvoir exécutif.
Dans mes fonctions de haut fonctionnaire, j’ai vécu de près la tentative avortée de Luc Van den Bossche, ministre de la fonction publique de 1999 à 2003 et auteur de la réforme Copernic, de supprimer les cabinets ministériels. L’objectif était de créer une autre dynamique de relation entre le ministre et le comité de direction de son administration.
J’ai été aussi en relation étroite avec de nombreux ministres. Des conceptions bien différentes de cette relation ont existé et existent encore aujourd’hui. Je note toutefois une constante : les personnalités politiques ayant uniquement une expérience politique du monde communal ont souvent une conception très hiérarchisée de la relation entre le politique et l’administration : l’administration exécute la politique définie par le ministre. Point barre. Il y a peu de place pour le dialogue et pour la reconnaissance de l’administration dans un rôle de proposition politique.
D’autres ministres acceptent un rôle plus important de l’administration dans la préparation de la politique et développent avec leur cabinet une capacité et un espace de dialogue qui enrichit la politique publique.
Pour aller dans cette direction, une valeur essentielle doit être présente et partagée par le ministre et le responsable de l’administration : la confiance.
La confiance ne se donne pas d’emblée : elle se construit progressivement par le dialogue. Si ce dialogue est inexistant ou refusé, construire une relation positive est impossible.
J’ignore si Madame Galant ou son chef de cabinet participait aux réunions du comité de direction du SPF Mobilité et Transports pour les discussions stratégiques sur le secteur, mais j’en doute. Je ne parle pas ici des responsabilités opérationnelles qui logiquement sont de la responsabilité exclusive du comité de direction mais d’un échange sur la gestion stratégique des secteurs du transport à partir des inputs préparés par l’administration.
Les conséquences d’une telle situation n’impactent pas seulement la motivation des membres de l’administration mais aussi et surtout la qualité de la politique.
Il est grand temps de réfléchir en profondeur et de mettre en œuvre un modèle efficace de relation politique – administration et d’aligner l’ensemble des acteurs publics sur ce modèle.