Il est souvent nécessaire de prendre appui sur l’actualité pour se donner le temps de la réflexion. Celle-ci évite une prise de décision trop rapide qui ne répond qu’imparfaitement au problème posé par cette actualité.
La législation sur les armes en est un bon exemple. Elle trouve son origine dans une fusillade raciste à Anvers et la réaction émotionnelle bien naturelle qui s’en est suivie. On peut toutefois difficilement affirmer aujourd’hui qu’elle a atteint son objectif tant la circulation clandestine d’armes en Belgique est importante.
Mon propos concerne ici l’éthique. Alain Etchegoyen n’est pas un inconnu pour beaucoup. Décédé en 2007, il était normalien, agrégé de philosophie, dirigeant d’un cabinet de conseil auprès de grands groupes industriels et auteur de plusieurs livres : « Le temps des responsables », « La valse des éthiques ».
J’emprunte l’extrait du mois d’un autre de ses livres « Le corrupteur et le corrompu », paru en 1995.
« Quand les patrons interrogés par Enjeux-Les échos évoquent la « perte de sens moral » comme première cause de la corruption croissante, sont-ils archaïques et leur expression est-elle surannée ? Il convient, je crois, de comprendre ce recours de deux manières. En premier lieu, il enregistre un fait patent durant trois décennies : le discours moral s’est absenté de l’espace public, et notamment de l’école. L’intelligence, le calcul d’intérêt sont devenus les premières valeurs ; la compétition dans le système scolaire anticipe la compétition dans l’ordre économique. « Tout le monde triche », entend-on quelques fois dans la bouche d’acteurs économiques désabusés. « Tout le monde triche », se plaignent les enseignants, de l’école primaire à l’université. En second lieu, il exprime l’idée qu’une solution à la corruption ne peut être seulement légale ou politique : il ne suffit pas d’indiquer des règles, ni d’autoriser tout ce qui n’est pas interdit ; encore faut-il qu’un scrupule agite les consciences bien au-delà d’une prison terrifiante ».
Dépassé cet extrait ?
J’adhère bien sûr. A réapprendre, l’éducation, la formation, l’exemple.