Parmi ceux qui, individuellement et collectivement, se sont efforcés de mettre en garde le monde contre le changement climatique avant et pendant son déroulement, les physiciens ont été en première ligne. (En souvenir de ce qu’ils ont tenté de faire, des millions de survivants ont pris leur nom comme deuxième prénom). Certains artistes ont remarqué la tendance à ignorer les signes précurseurs du danger, tel le chanteur-compositeur canadien du milieu du XX siècle Léonard Cohen, qui chantait : « Nous avons demandé des signes. Les signes ont été envoyés » (ANTHEM *).
Certains sociologues ont introduit le concept « signaux précoces, leçons tardives » pour décrire une tendance croissante à négliger l’information. En guise de remède, ils ont proposé un « principe de précaution » : agir tôt pour prévenir les dommages ultérieurs. Le principe de précaution était une formulation théorique de ce qui passait autrefois pour du simple bon sens, comme en témoignent maints adages européens et américains du XIX siècle : « Un point à temps en vaut cent », ou « mieux vaut prévenir que guérir ». Mais cette sagesse traditionnelle avait été balayée par l’hostilité néolibérale à la planification et par la foi absolue en l’aptitude des marchés à régler les problèmes sociaux à mesure qu’ils se posaient. (De fait, aux yeux des néolibéraux, les marchés étaient si puissants qu’ils pouvaient « intégrer aux prix » des événements futurs pas encore arrivés – régler les problèmes d’avance, si l’on veut : brillant exemple de fantasme optimisme pour rendre superflue la planification honnie).
* https://www.youtube.com/watch?v=_e39UmEnqY8
Naomi Oreskes et Erik Conway
Nous sommes tous responsables parce que nous laissons faire.
Indignez-vous il disait.