Dans le cadre de son programme mondial lancé en 2013 visant à aider les jeunes chômeurs dans le monde à trouver un premier emploi, Adecco, leader mondial du travail temporaire, 88 jeunes provenant de 50 pays ont pris part à un programme d’Adecco de stages d’un mois, afin d’améliorer leur profil de demandeurs d’emploi. 46 de ces jeunes gens ont postulé ensuite pour le stage de CEO d’un mois.
C’est par ce programme qu’une jeune Colombienne de 27 ans à la recherche d’un emploi, Paola Ospina, a émergé de la sélection et été nommée « directrice générale (CEO) pour un mois » d’Adecco, sous l’autorité directe du patron du groupe. Elle aura donc pour mentor le directeur général d’Adecco, du 30 août au 31 septembre, et se verra ensuite proposer un poste au sein du groupe. Paola Ospina passera le mois de septembre aux côtés du CEO d’Adecco, travaillera avec lui et l’accompagnera dans tous ses déplacements. Elle assistera également à toutes les réunions à ses côtés.
A la lecture de cette information dans la presse, je me suis dit : quel beau coup de pub pour renforcer l’image de l’entreprise dans un univers mondial où tant de jeunes sont sans emploi, et donc cibles privilégiées du radicalisme, alors qu’ils représentent l’avenir de nos sociétés.
J’ai ensuite repensé au programme PUMP (Public Management Programme) créé en 2001 dans l’administration fédérale dans le cadre de la réforme Copernic, programme permettant chaque année à 50 jeunes fonctionnaires à haut potentiel de suivre une formation approfondie en management public, sans aucune certitude après ce programme d’assurer un poste à responsabilité. Pump a pris fin en octobre 2009 et a été remplacé par un trajet de développement ouvert à 3 groupes cibles : le management de ligne, le management intermédiaire et le top management. Les objectifs des 2 programmes ne sont évidemment pas les mêmes et ne s’adressent donc pas aux mêmes catégories de personnels.
Et pourtant, si après avoir suivi la formation PUMP, ces jeunes s’étaient retrouvés pendant un mois dans la même situation que Paola Ospina, quelle expérience concrète et riche du management public cela aurait constitué pour eux. Et c’est cela le véritable enjeu de toute formation : raccourcir le laps de temps entre la formation reçue et la pratique.
L’enjeu est le même pour tous les fonctionnaires de la fonction publique de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie Bruxelles qui dans peu de temps, après avoir réussi le cursus de l’Executive Master en Management Public et la sélection finale chez SELOR, vont être versés dans une réserve pour pouvoir être désignés pour un mandat administratif. Plus le temps sera long entre cette réussite et leur désignation, plus il y aura « estompement » de la formation. Un des enjeux est aussi d’agir pour combler cet estompement.
Mais revenons aux jeunes qui intègrent une organisation publique, ministère ou organisme d’intérêt public. Pourquoi après une sélection, ne pas en faire des « Paola Ospina » ? Quelle motivation pour eux. Mais aussi quelle possibilité pour les dirigeants qu’ils vont remplacer temporairement de jouer vraiment leur rôle de mentor et de développer par la même occasion leur leadership !