Lorsque le gouvernement m’a nommé en 1991 comme président du conseil d’administration de la SNCB, Jean-Luc Dehaene, Ministre des Communications à l’époque, m’a appelé dans son bureau. Non pour faire connaissance, car je l’avais rencontré dès 1979 dans la négociation sur la régionalisation des administrations quand il était chef de cabinet du Premier Ministre et moi jeune secrétaire de cabinet, mais pour souligner ce qui était politiquement important pour lui : réaliser le premier plan décennal d’investissements des chemins de fer, notamment son volet construction de la ligne à grande vitesse, et poursuivre l’assainissement de la société ferroviaire. Dans ce cadre, il me conseilla d’arrêter l’activité ABX qui perdait beaucoup d’argent et de concentrer l’activité sur le core-business de la SNCB. Conseil prémonitoire, à la lumière de ce que cette activité a coûté à la SNCB et à la collectivité. Soucieux de sauvegarder l’emploi, nous n’avons malheureusement pas suivi son conseil. Nous aurions du vendre ABX après avoir redressé l’activité nationale au lieu de nous lancer dans une politique d’expansion européenne.
L’homme de parole qu’il était a toujours respecté l’autonomie du conseil d’administration de la SNCB dans ses choix stratégiques, y compris celui-là, concrétisant ainsi la philosophie de la réforme des entreprises publiques, dans le cadre bien sûr des objectifs généraux d’assainissement du budget de l’Etat qu’il mettra en œuvre comme Premier Ministre dès 1992.
Mon second souvenir témoigne de ses qualités de cœur. Comme Bourgmestre de Vilvorde, il me demanda au début des années 2000 de prolonger la mission auprès de lui d’une de ses plus proches collaboratrices, qui faisait partie du Service Public Fédéral Mobilité et Transports que je dirigeais ; prolongation tout-à-fait règlementaire qui ne demandait de ma part aucun arbitrage particulier. Quelques mois plus tard, lors d’un événement au Palais Royal, quelle ne fut pas ma surprise de voir le voir s’approcher de moi pour me remercier pour ce détachement.
Je garde le souvenir d’un homme politique reconnaissant, décidé, visionnaire, négociateur inventif respectueux des accords conclus.