Comment ne pas s’émerveiller devant la technologie du gpsmap qui permet le téléchargement de cartes topographiques et offre ainsi au marcheur la possibilité d’anticiper les ruisseaux, les escarpements et les changements soudain d’altitudes. Tout ce déploiement pour permettre la navigation d’une souplesse sans pareille, comme le dit la publicité.
Pour reprendre une expression connue : « la carte n’est pas le territoire » et ce n’est pas parce que Jed Martin, le héros du roman du même nom de Michel Houellebecq, photographie la carte Michelin de la Creuse ou du Gers, qu’il connaît les réalités géographiques, historiques et sociales de ces deux départements.
La difficulté du marcheur est donc double.
D’une part, ne pas prendre la mesure que le décalage temporel peut être important entre le moment où les données topographiques ont été enregistrées et le moment où il se déplace. Et la méconnaissance de cette date d’enregistrement agrandit encore cette difficulté.
D’autre part, accorder une confiance aveugle en son gpsmap comme outil lui garantissant une marche sereine parce que les obstacles sont identifiés.
Ces deux risques de sa marche sont symbolisés par la brume. Elle est un obstacle à la perception de la réalité telle qu’elle existe au moment où le marcheur est dans son parcours et elle reflète les risques d’une marche « le nez sur le guidon » et son attachement « compulsif » à ce qu’il a enregistré.
Pour le management dans le secteur public, cette image est éclairante.
Elle est une mise en garde contre une attention prioritaire au plan de management ou au plan opérationnel du mandataire au détriment de l’évolution des besoins du terrain. Cet attachement peut d’ailleurs être favorisé par les autorités politiques qui n’ont pas fait de ces plans un instrument régulièrement adapté aux besoins, ni un outil du dialogue entre le politique et l’administration. Et comme l’évaluation du mandataire se fait sur base de plans insuffisamment adaptés, la boucle est bouclée et on entre de plain-pied dans « la brume ».
A un autre niveau de gestion, ce risque est également présent dans le déroulé d’un projet ou la définition d’un processus. La seule réponse est de sortir de la brume et de réactualiser régulièrement les besoins. Là est la véritable souplesse et non dans la lecture de son gps !